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Le chrétien : de la peur au courage

« Ce n’est pas un esprit de peur que Dieu nous a donné, mais un Esprit de force, d’amour et de bon sens » (2 Tm 1, 7).



La peur surgit lorsque le chrétien est habité par un sentiment d’échec. Du coup, il ne trouve plus raison d’espérer. En fait, l’échec, c’est le fait de ne pas avoir pu réaliser telle ou telle chose. Nous lisons dans l’Evangile, comment les disciples étaient habités, eux aussi par ce sentiment d’échec suite à la crucifixion et la mort de leur chef, Jésus de Nazareth. Deux épisodes nous montrent cela. Chez Saint-Luc, nous avons l’épisode des disciples d’Emmaüs. Deux disciples désabusés échangent d’amères réflexions avec celui qu’ils n’ont pas encore reconnu : « Et nous qui espérions qu’il allait délivrer son peuple Israël » (Lc 24,21). Selon le quatrième Évangile, les disciples sont réunis le soir de Pâques en un même lieu, mais toutes portes closes "par crainte des Juifs" (Jn 20,19). « La figure de l’échec qui se manifeste dans le Christ en croix aide à réintégrer le rapport à la mort et le sens de l’existence » nous dit Véronique Margron.

Il faudrait remarquer que le chrétien face à l’épreuve qui fait objet d’un échec important peut s’enfermer totalement dans une auto-accusation. Une telle position peut prendre vite la forme d’une autopunition et entraîne par la suite d’autres échecs. En fait, cela peut devenir une fatalité et le chrétien ne trouve plus de porte de sortie. C’est pourquoi dans la vie de l’Eglise, il y a les martyrs qui sont des modèles de courage, les frères et sœurs qui sont présents au quotidien pour encourager, les accompagnateurs spirituels etc. Par-dessus tout, le chrétien a reçu la force de l’Esprit-Saint en lui. Aux commencements de l’Eglise, les apôtres enfermés dans leur peur et leur échec avaient reçu la force de l’Esprit. Dès lors, c’est l’Esprit qui va encourager les apôtres dans leur mission d’être « témoins » du Christ jusqu’au bout de la terre (Ac 1,8).

« Ce n’est pas un esprit de peur que Dieu nous a donné, mais un Esprit de force, d’amour et de bon sens » (2 Tm 1, 7). Le chrétien tout au long de son pèlerinage terrestre aura à confronter l’épreuve de l’échec et du courage. Le courage doit puiser à la Croix du Christ car revivre la Passion est source d’une grâce plus grande encore : « C’est pourquoi nous ne perdons pas courage et même si, en nous, l’homme extérieur va vers sa ruine, l’homme intérieur se renouvelle de jour en jour. Car nos détresses d’un moment sont légères par rapport au poids extraordinaire de gloire éternelle qu’elles nous préparent » (2 Cor 4,16-17). C’est paradoxalement à travers l’épreuve que grandit le courage : « Nous mettons notre orgueil dans nos détresses mêmes, sachant que la détresse produit la persévérance, la persévérance la fidélité éprouvée, la fidélité éprouvée l’espérance » (Rm 5,3-4). Sans doute faut-il une longue expérience spirituelle pour comprendre que les épreuves sont en réalité une manière d’avoir part à la croix du Christ et donc d’être déjà « avec le Seigneur », terme de l’espérance chrétienne (1 Tm 4,17).

Voici ce que nous dit Marc Joulin : « Le vrai courage d’un chrétien ne consiste pas à claironner ses croyances à tort et à travers, mais à se reconnaître lui-même un disciple, c’est-à-dire quelqu’un qui doit encore écouter et apprendre et qui, lorsqu’il est appelé à donner et à enseigner, le fait avec modestie, en essayant de s’effacer derrière son maître ». autrement dit, le chrétien doit avoir le courage d’accepter avec humilité ce qui lui est donné, le don de la foi, le don de l’Espérance et le don de la charité, non pas pour les mettre chez lui comme les cadeaux d’anniversaire mais ces vertus doivent lui permettre de trouver la force et le courage de s’affirmer en tant que chrétien, de faire confiance au Seigneur dans les moments difficiles. Il lui faut aussi du courage pour aimer son ennemi. Le courage d’espérer c’est cette capacité que le chrétien a pour bien comprendre que l’Esprit-Saint est à l’œuvre dans son cœur, et que les résultats qu’il espère ne peuvent pas se produire dans l’immédiateté.

D’autant plus, le chrétien doit toujours garder l’espérance d’une vie humaine digne de ce nom. Et Marc Joulin nous dit que « l’espoir dont il s’agit ici est un appel à l’action et au courage. Le chrétien a le courage non seulement de lutter pour que l’espoir prenne corps, pour que le salut commence dès ici-bas mais de ne pas s’arrêter dans la recherche aimante de Dieu, c’est-à-dire de prier, de demeurer à l’écoute de l’Evangile, de regarder sa vie vie à la lumière de l'Evangile, de vérifier sa conduite et son action à cet éclairage, et de s'abandonner filialement à la miséricorde et à la bonté de Dieu ». Enfin de compte, nous pouvons dire que le courage va de pair avec l’Espérance car cette dernière, elle est exigence et dynamique.


P. Carlsendro CHERY, spsj

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