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Eglise saint Blaise

On pense qu'il y avait des traces chrétiennes à Ceyreste depuis le IV° - V° siècle. 

Mais l'église serait du XII°- XIII° siècle. De taille modeste, elle était lié à st Victor. Trop étroite, elle connue une extension de 1642 à 1647, Son premier curé sera Blaise Icard (1686 - 1733) et c'est aussi à cette période que st Blaise sera choisi comme saint patron. 

Qui était saint Blaise? 

Saint Blaise de Sébaste (+316) : Evêque et martyr, il résidait dans une caverne au mont Argée où il guérissait les hommes mais aussi les bêtes sauvages. C’est ainsi qu’il fût remarqué par le gouverneur de Cappadoce qui avait besoin de bêtes sauvages, mais pour d’autres raisons : les jeux du cirque. Il arrêta l’évêque et voulait le tuer. Il le plongea dans l’étang pour le noyer mais ce n’était pas possible. St Blaise marchait sur les eaux. Mais revenu à la berge on le fit décapiter. On fait mémoire le 3 février.

Tradition ceyrestenne : Saint Blaise, guérisseur.

Depuis fort longtemps, peut être au XII° ou XIII° siècle, Ceyreste qui était alors la propriété des comtes des Baux fidèles des croisades et membres de l'Ordre de ce Saint, a voué un culte particulier à Saint Blaise.

 

Voici deux anecdotes s'y rapportant   relevées par nos historiens locaux (MM. Masse, Marin, De Villeneuve, Mgr Ricard..).

 

 

Première tradition:

 

Saint Blaise a été principalement vénéré pour ses pouvoirs supposés de guérir les maux de gorge, M. De Villeneuve nous donne une assez bonne description de cette cérémonie en 1828 :

 

 "Le jour de la fête le 3 février le prêtre placé près de l'autel abondamment fleuri tenant deux cierges en sautoir et touchant le cou des fidèles qui se présentaient, prononçait alors la formule rituelle suivante:

 

                         " Meritis et précibus

                  San Blasii martyris at que

                  liberet seus a morbo gutturis."

 

        Et suivant la tradition locale le fidèle (et patient...) repartait guéri !

Mais il est aussi vrai que cette croyance était et est partagée par de nombreuses paroisses et cela depuis très longtemps car nous la retrouvons à Aix en Provence, aux Saintes Marie de la mer, dans le Pas de Calais, à Niort et à bien d'autres endroits encore tel qu'au Québec.

 

     Mais à Ceyreste jusqu'au début du XX° siècle ce caractère de pieuse originalité avait été scrupuleusement conservé, car non seulement ici la guérison était immédiate (les urgences étaient assurées ...) mais on pouvait aussi se prémunir de ces maux pendant une année en faisant bénir ce jour là des aliments tel que pain ou fruits secs conservés à l'abri et consommés en cas de besoin.

 

D’où la vente de « Torques » de nos jours, réminiscence de la tradition.

                                                                                                             

        Si Saint Blaise avait des pouvoirs curatifs et médicaux voici d’après Mgr RICARD une autre spécialité de ce Saint très suscité:

 

Deuxième tradition :

 

"Autrefois par les temps de sécheresse persistante les habitants de Cuges commune limitrophe, venaient en procession à Ceyreste après un très long chemin à travers les collines apportant avec eux la statue de leur Saint patron Antoine".

 

          Lorsqu’après pas mal de fatigue, de sueurs et de temps la procession arrivait enfin devant l'église de Ceyreste le sésame suivant était chanté par les pèlerins:

                         « Blaï de Ceresto

                          Toni te ven veïre! »

     

                 En réponse nos ceyrestens, qui avaient attendu assis à l'abri dans leur église sortant la statue de Saint Blaise leur répondaient:

 

                               "Digue li qui entre!"

Ce n'est qu'a ce moment là que les deux statues pénétraient dans l'église.

 

                 Or dit la tradition, et si elle le dit nous devons le croire, à cet instant précis la pluie tant attendue tombait!

Mais la tradition en serait resté là si un ceyresten, on ne précise pas qui, eut l'idée logique mais discutable que pour avoir la pluie à volonté sur Ceyreste, le plus simple serait de garder la relique de Cuges!

                 Le complot ayant pris corps, l’ancêtre de nos modernes kidnappings bien échafaudé dans les tètes il est donc décidé que le jour J on laissera entrer Saint Antoine dans l'église et de fermer précipitamment la porte au nez des visiteurs, et ainsi leur subtiliser leur sainte relique!

 

                 Mais hélas, et ceci est fort moral, le secret jusque là si bien gardé fut éventé, on suppose par une ceyrestenne éprise d'un cugelais...., et le jour dit lorsque le fameux "Diguo li que entre" retentit, ceux de Cuges après avoir incliné le buste de leur Saint patron, prirent leurs jambes à leur cou se retirant au plus vite de ce traquenard, hilares, en criant:

 

                               "Sian pas si couillons!!!".

                 Dommage car notre église se serait agrémentée d'un Saint de plus!

                                                                           

Plus sérieusement il est exact que ces processions étaient fréquentes dans notre région par le fait du manque d'eau, j'ai relevé dans « L’Histoire d'une époque sous forme d'éphéméride » de M. Deidier, bulletin annuel des  A.V.L.C. de 1960, cette anecdote:

 "3 février 1878,  Il ne pleut plus depuis longtemps, la sécheresse est grande; tous les jours les fontaines sont encombrées de femmes et d'hommes. Des propriétaires demandent des prières pour la pluie; à Ceyreste on promène Saint Blaise"..... Cette cérémonie avait donc lieu il y a encore 150ans, mais sans doute ce jour là sans succès car dans la même publication on relève quelques lignes plus loin:  Mars, la sécheresse continue, les femmes restent des heures entières  aux fontaines pour remplir deux cruches.....quelques habitants de Ceyreste viennent la nuit prendre de l'eau à la source du Pré.

 

                 A la suite de la demande de certains propriétaires le curé annonce que l'on dira des  prières pour la pluie".....

 

Mais depuis l'arrivée de l'eau courante à La Ciotat et à Ceyreste (Définitive en 1921 seulement!) Cette tradition disparaîtra !

 

 

Pour votre information voici quelques textes et notes relevés chez            différents auteurs au sujet de Saint Blaise.

 

 

  •         Extrait du journal de Mg. E. Mazenod de 1849 à 1860:

 

        "Le 13 mai visite pastorale aux Accattes, Mazargues, Roquefort, La Ciotat et Ceyreste. Dans ce dernier bourg j'ai béni la statue de Saint Blaise don de l'impératrice Eugénie (épouse de Napoléon III) qui en a fait cadeau à l'église.

Jamais Ceyreste n'avait vu pareille affluence".

 

 

  •         Extrait de la revue de la "Société des Antiquaires de France", Séance de novembre 1850.

 

Saints dont les noms figurent sur les monnaies et les maireaux du Moyen-âge.

 

S.BLASIUS.... 3 Février....RAGUSE

 

S.ELIGIUS....  1 Décembre....MARSEILLE.

 

 

  •         Extrait du "Dictionnaire Universel d'histoire et de Géographie" de Marie N. Baillet 1852.

 

        "Blaise (Saint) évêque de Sébaste en Arménie fut martyrisé sous Lucinius par le gouverneur Agricola en 316. Les bourreaux lui déchirèrent les cotes avec des peignes de fer. C'est en mémoire de cet événement que les cardeurs l'ont pris comme Saint patron.

 

        Ce saint était très vénéré dans l'église grecque pour son pouvoir sur les maladies des enfants et des bestiaux. Fêté le 3 février.

C'est ce que l'on appelait la bénédiction de Saint Blaise.

Il y eut en Palestine un Ordre de Saint Blaise, comme celui des Templiers.

 

 

  •          Extrait de " Sacred and legendary of Art" D’Anna Jameson 1857.

 

" Italy: San Biago (Raguse, Gênes)

  Germany: Der Heilige Blasius.

  England: St. Blaise, bishop of Sébaste (3 churches)"

  NDLR. Dans le Yorkshire (UK) Saint Blaise est le patron des cardeurs.

                                                                                                            

 

  •         Extrait du " Dictionnaire Historique des ordres de Chevalerie"de 1860.

 

"Ordre de Saint Blaise et de la Vierge Marie.

Cet ordre fut crée au XI° siècle en Arménie, vers l'époque de la fondation du Temple. Le nom de Saint Blaise lui fut donné en mémoire du martyre de ce Saint qui eut lieu en Sebaïde. Le but de son établissement était la défense de la religion chrétienne, en butte  aux attaques des infidèles et de ses chevaliers sortirent des combattants qui furent souvent victorieux. Les membres de l'Ordre étaient soumis à la règle de Saint Basile, et se divisaient en chevaliers religieux destinés au service divin, et de chevaliers combattants.

Après la conquête de l'empire d'Orient par les mahométans l'ordre disparut après s’être rendu justement célèbre par l'éclat de ses armes et les services rendus à la cause de la Foi."

 

  

  •         Extrait de l'"Agiologie des saints Nivernais"  1860.

 

Saint Blaise évêque de Sébaste, Arménie, sous l'empereur Dioclétien, martyrisé par Agricola gouverneur de Cappadoce et de la petite Arménie vers 316 durant les persécutions de Lucinius. Reliques ramenées par les croisades. Populaire en France, Allemagne et Italie. Représenté en costume d’évêque avec la palme de martyr et peigne de Fer (supplice).

  

 

  •         Extrait de "Le cycle de Pâques au Québec et dans l'ouest de la France". D. Rodrigue 1983

 

        "On lui attribut de nombreuses guérisons, entre autre celle d'un enfant qui avait avalé une arête, et on l'invoque aussi pour toutes les affections de la gorge.

       Lors de la bénédiction la neuvaine suivante est récitée en français:

"Seigneur par l'intercession de votre serviteur Saint Blaise, délivrez nous des maux de gorge et protégez nous de tout autre mal.

O vous qui vivez et régnez dans les siècles et les siècles protégez nous.

Ainsi soit-il.

 

         Saint Blaise priez pour nous".                                                 

                                 

On note qu'en Russie il est le protecteur des troupeaux, en Allemagne il protège des maux de vessie....et des ampoules(!), dans la Beauce, à Niort et dans le Pas de Calais des maux de gorge encore. Dans l'ouest de la France il semble avoir plus de pouvoir qu'ailleurs car il est efficace contre les maux de gorge, de gosier et contre les os et les arêtes  qui par mégarde seraient coincés là! Mais il protège aussi les enfants de cette région contre la coqueluche, les maux de dents, les rhumatismes et l'aliénation mentale. Et pour finir c'est en Normandie qu'il protège plus qu'ailleurs: des ouragans et.....des vers!

 

La cérémonie est la plupart du temps celle des cierges croisés sur la gorge par le prêtre mais quelquefois par la bénédiction de petits pains et d'une médaille.

 

Il est aussi le protecteur des animaux et des semences; la bénédiction des semailles ayant lieu le 3 février".    

 

  

  •         Extrait du font J. Cornille aux Archives Municipales de La Ciotat.

 

 Programme Saint Blaise 1984.

"Meritis et Precibus B. Blasi martyris at que

 Pontifis liberet te deus a morbo guturis".

 

Phrase prononcée par le prêtre, cierges croisés sur le cou (col) du "patient".

A Ceyreste les offrandes de pain et de fruits secs étaient faites, et une fois bénies conservées à la maison et consommées dans l'année en cas de maux de gorge".

       

   

  •          Extrait des "Traditions Populaires de Provence", Seignole 1996.

 

 "Dans la campagne marseillaise on appelle Fortes Têtes les jours de l'hiver ou le froid est le plus vif. Un proverbe d'Aubagne dit:

 

        Sant Clar d'Allau (2 janvier)

        Sant Vincèn de Rocovaire (22 Janvier)

        Sant Antoni de Cujo (17 janvier)

        È Sant Blasi de Ceiresto (3 Février)

        Soun quatre fueri testo!

 

                                                                                                    

 

  •         Un dernier extrait : « Folklore et curiosités du Vieux Paris" de P. Sebillot 2002.

 

"Au XVI° siècle la fameuse saignée, en laquelle semblait se résumer toute la science des médecins, et qui plus tard parut une panacée, ne pouvait être pratiquée absolument sans risque que quatre jours par an.

 

A la Saint Blaise le 3 février

A la Saint Philippe le 26 mai

A la Saint Barthélemy le 24 août

Et à la Saint Martin.

 

Catherine de Médicis était très superstitieuse …"

 

                 A la lecture de ces extraits, on peut remarquer que :

 

La répartition de cette tradition est localisée en Europe suivant l'origine des Croisés du Moyen Age.

Qu'il est avéré que l'origine de ce Saint est la région de Cappadoce en Arménie aux alentours du début du IV° siècle.

Que l'église et le Castrum de Ceyreste datent du XI° et qu'à cette époque il faisait partie du fief les comtes des Baux ayant participé aux croisades donc pouvant avoir introduit le culte de Saint Blaise. Ce qui tendrait de prouver qu'eux-mêmes ou leurs vassaux étaient de l'Ordre de ce Saint.

Saint Blaise sur les vitraux de l'église de Ceyreste est bien représenté avec la palme des martyrs, mais sans le peigne de fer symbole de son supplice.

                        

Le rituel de la cérémonie est semblable dans plusieurs régions (cierges croisés sur le cou, bénédiction d'aliments...)

 

 

J'ai aussi relevé quelques établissements dédiés à Saint Blaise, en voici la liste non exhaustive:

 

A La Ciotat au XVI° siècle un autel lui était dédié dans la chapelle  de l'ancien hôpital Saint Jacques.

                 A Bollene dans le Vaucluse il existe une chapelle depuis 1860.

                 A Vienne dans le Rhône il y avait un prieuré Saint Blaise,

                 En Allemagne dans la Foret Noire il existait une Abbaye en 1720,

                 A Ancône en Italie encore une église depuis 1832.....

 

Ceyreste n'était qu'un maillon des lieux de culte à Blaise, mais il est un  des rares à perdurer.

                                                                                                            

 

 Pour terminer cette étude sur notre Patron local, voici quelques proverbes et dictons relevés ça et là.

 

 

        Région de l'Ouest de la France en 1841:

 

                "A la fête de Saint Blaise

                Le froid de l'hiver s'apaise

                S’il redouble et s'il reprend

                Bien longtemps après il se rend".

 

      

Dans le Calendrier des Laboureurs de 1628:

 

                "Le lendemain de Saint Blaise,

                Souvent l'hiver s'apaise".

 

 

        Dans l'Hymne des joies de famille à Saint Blaise.

        Ronsard.

 

                "Aujourd'hui février

                Demain Chandeleur,

                Après demain Saint Blaise."           

Pierre  PEYRON

                                                         

                                 

                      

                              

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